Elle avait pris le temps de prendre un petit déjeuner copieux, café, tartines de confiture, œufs au bacon.
La nuit érotiquement éprouvante doublée du choc émotionnel ressenti au son de la voix de son mari alors qu’elle était encore perdue dans l’orgasme, lui avait grandement ouvert l’appétit.
Elle avait pris la décision dans l’urgence de prendre le premier vol pour son retour dans le sud. Après tout Max comprendrait, avait-elle songé, je ne suis que son irrégulière.
L’impératif de la situation ne lui avait même pas autorisé le moindre coup de fil à Max tant elle savait que la tonalité de sa voix pourrait mettre, en un instant, un terme à ses engagements.
Avant de quitter l’appartement, elle avait pris soin de tout ranger, comme pour ne laisser aucune trace de son passage clandestin dans la vie de Max.
Un dernier regard, une larme !
Le pull, le pull avait attiré son attention, et telle une voleuse, elle l’avait enfoui dans son baise –en –ville.
Lâchement, elle préférait prendre la fuite, plutôt que d’affronter la réalité en face.
Avec Philippe tout n’était que tendresse et complaisance, peu de folies, avec Max seuls le désir et la lubricité menaient la danse, une interdépendance charnelle et chimique qui pouvait les mener loin, très loin dans leurs jeux érotiques. Elle aurait tellement aimé un compromis des deux, tendresse, érotisme et addiction de deux êtres empreints d’une sensualité latente et permanente. Etait-il possible d’aimer deux hommes en même temps, de manière totalement différente, était-il possible d’occulter l’un au détriment de l’autre dans les moments les plus intimes ?
Pas une seule fois elle n’avait songé à Philippe alors qu’elle baisait avec Max, mais à contrario, chaque fois qu’elle faisait l’amour avec son mari, c’est dans les bras de son amant qu’elle se vautrait. Alors pourquoi une telle décision, songeait-elle, par compassion, la compassion est un sentiment méprisable et hypocrite.
Sur ces pensées, âcrement douloureuses, elle avait tiré la porte à elle, à l’image d’une page d’un livre qu’on tourne afin de découvrir la suite d’une histoire inachevée.
Le cliquetis de ses talons avaient raisonné sur le sol carrelé du palier d’étage jusqu’à la cage d’ascenseur, vieil ascenseur des immeubles bourgeois renfermant sûrement des histoires interdites et coquines d’un autre siècle. Son imaginaire allait bon train quand elle avait entendu le mécanisme de la machine se mettre en branle. Ce bruit particulier avait retenu toute son attention, jusqu’à ce que sa mémoire imprime des stigmates olfactifs en provenance de la cage d’ascenseur .Derrière les portes vitrées et les grilles du monte personne, elle avait deviné une silhouette féminine.
La senteur assassine dont elle avait, étrangement, encore des souvenirs troublants, étaient en train de gravir les étages inexorablement. Cette eau de toilette bon marché venait soudain de traduire une silhouette et de trahir les aveux mensongers de Max.
Elle ne savait si elle devait lui en vouloir pour ses mystifications ou bien l’adorer pour l’initiative érotiquement répréhensible, mais oh combien émoustillante.
Une seule question la torturait, pourquoi avait-il mis un terme à cette mise en scène, elle aurait tellement souhaité que Max pousse plus loin ses manigances, maintenant qu’elle savait, les odeurs sont traitresses, que derrière le parfum se cachait une femme de chair et de sang sexuellement libérée.
Une délicieuse rousse, le nez retroussé, taches de rousseurs éparpillées discrètement sur ses pommettes, bouche mutine et yeux verts perçants avait émergé de la cabine mal éclairée.
Retenant la porte pour céder sa place à Elisa, elle l’avait saluée avec une totale indifférence, comme on peut dire un Bonjour civilisé à un nouveau voisin de palier.
Liz l’avait observée comme la proie de ses projets, songeant au plaisir que cette femme lui avait donné quelques heures plus tôt.
Qui était-elle, une des nombreuses conquêtes de Max, Philippe l’avait prévenu, ou plus simplement une complice érotico-coquine qui aimait se prêter à l’occasion aux jeux libertins d’un voisin d’étage ?
Plus par plaisir que pour savourer une vengeance condescendante à l’égard de son amant, elle avait décidé dans l’instant que la séance saphique allait connaître un rebondissement dont Max ne pourrait pas se plaindre.
Cette rousse lui plaisait, pas vraiment belle, pas vraiment racée, mais elle faisait partie de ces femmes particulières dont on devine au premier coup d’œil qu’elles aiment baiser et que le charme au féminin ne leur est pas indifférent, d’ailleurs elle en avait fait la preuve et de bien talentueuse manière. Les expériences homosexuelles passées d’Elisa lui laissaient entrevoir des moments savoureux en compagnie de la demoiselle.
Quelle âge pouvait-elle avoir, à peine la trentaine, mais fort bien moulée. Vêtue d’un chemiser blanc, à la manière d’une collégienne, et d’une jupe noire largement fendue sur la cuisse, mais tellement près du corps qu’elle épousait à la perfection chacune des formes féminines de sa constitution, elle engendrait le désir de séduction, du moins quand on s’octroie quelques dérives homosexuelles.
Max avait injecté en Elisa, un venin pernicieux qui s’était répandu en elle comme une drogue palliative à l étiolement de sa libido dans une vie par trop carrée et la soudaine apparition inopportune d’une « salope » rouquine , loin de l’effrayer, avait démultiplié ses fantasmes.
Poliment elle avait répondu aux salutations de la jeune femme avant de s’engouffrer dans la cabine.
Cette aussi inattendue que troublante rencontre, pur fait du hasard, avaient fait que Liz avait totalement transgressé toute morale matrimoniale et qu’elle avait repoussé à plus tard son retour au bercail.
Par chance, l’immeuble de Max était encore doté d’une conciergerie et c’est avec une assurance certaine et un excès de franchise mensongère, qu’elle s’était adressée à la gardienne. Les femmes sont bien capables de n’importe quoi pour arriver à leur fin.
A suivre...
J'adore ce morceau...
Mais pourquoi vous arrêtez vous toujours trop tôt ? ;op
Vous nous tenez en halène...
Rédigé par : The Blade | 26 juin 2008 à 10:23