En début d’après midi, peaufinant une remise en beauté, sans rien changer à sa tenue vestimentaire du matin, elle s’était préparée à cette nouvelle rencontre.
Etrangement guidée par un sentiment, mélange du goût de l’inconnue et désir de goûter aux fleurs de l’interdit, elle s’était laissée imprégnée d’une jouissance, la jouissance d’une revanche sur la vie.
L’achat d’un appartement n’était plus à l’ordre du jour, emportée par une envie de luxure dans la plus grande déraison.
Ces pensées en tête, presque translucides, fluides et non coupables l’avaient accompagnée jusqu’à ce qu’elle se gare sur la petite place du village.
Il était 15H 20, il était encore temps de renoncer, mais l’instant ne laissait aucune place au remords, bien que l’appréhension la mine.
De la même manière que plus tôt dans la journée, elle s’était installée à la terrasse du même café commandant une boisson gazeuse, assise de telle façon qu’elle pouvait guetter les faits et gestes de Raphaël dans la plus grande discrétion.
Ainsi, elle avait pu l’analyser plus profondément. Elle l’avait vu en grande discussion téléphonique, parler, rire aux éclats. Sa jovialité l’avait émue, elle qui ne riait plus que si rarement ...
Quand aux alentours de 15H30, il avait commencé à regarder sa montre, elle avait ressenti une certaine impatience dans son regard, rapidement convertie en énervement évident.
Avec un calme olympien, elle avait continué à siroter son eau pétillante, jusqu’à ce qu’il apparaisse sur le pas de la porte de son agence.
« Laura, je m’absente un instant, je vais boire un café, j’attends une cliente, faites la patienter, après tout elle est elle-même en retard »
Il était maintenant à quelques pas d’elle. La soudaine effervescence de son cœur, cognant dans le désordre sous ses seins palpitants avait sûrement trahi son attirance, car il s’était arrêté à sa hauteur, interpellé.
« Pardon, n’est-ce pas vous qui étiez déjà là ce matin ?
-Oui effectivement, Raphaël ...
-Nous connaissons-nous ? Mais oui bien sûr, cette voix, vous êtes Dominique ! J’aurais parié que vous étiez plus jeune !
-Merci, pour la claque !
-Non désolé, je me suis mal exprimé, votre voix est si jeune au téléphone ! Pourquoi n’êtes vous pas entré à l’agence ? Je ne comprends rien...
-Les hommes ne comprennent jamais rien, ou font semblant !
-Non vraiment, expliquez- moi ! Puis je m’asseoir avec vous ?
-Je vous y invite avec insistance
-Alors que recherchez-vous ? »
Usant de ses charmes à discrétion, posture savamment érotisé, croisement et décroisement de jambes dénudées, jeux de regards et autres attitudes gestuelles, elle avait répondu à son empressement sans prononcer une seule parole.
« Raphaël, avez-vous des rendez-vous cet après-midi ?
-Non c’est très calme en ce moment...
-Bien, vous allez pouvoir me faire visiter alors
-Inutile de vous demander ce que vous recherchez...
-Inutile, effectivement....je crois que vous avez saisi le sens de ma recherche.
-Vous me mettez vraiment mal à l’aise, votre audace est surprenante....
-Je ne voulais pas vous importuner »
Concluant la discussion en se levant promptement, elle avait demandé l’addition, payé et avait rejoint son véhicule, sous le regard sidéré de Raphaël, qui une fois encore se maudissait de son manque de diplomatie évidente.
Cette femme sensuellement effrontée lui plaisait plus que d’ordinaire, et une fois encore il allait passer à côté d’une bonne occasion de se perdre dans les méandres de l’adultère.
Il l’avait suivie, et au moment même où elle s’apprêtait à fermer sa portière, il l’avait retenue
« Attendez, ne partez pas ainsi, j’en ai pour deux minutes. Mais, il faut que je vous dise, je vis en couple
-Mais qu’allez-vous imaginer Raphaël, moi aussi ...
-Vous êtes incroyable ...
-Bon, y allons-nous ou pas ? J’ai hâte de visiter !
-Mais...
-Je ne vous plais pas, c’est entendu, n’en parlons plus !
-Vous me plaisez beaucoup, comment ne pas être séduit »
Ce disant, accroupi au niveau du siège, il avait glissé une main sur le tissu léger de la jupe négligemment relevée très haut sur la cuisse, découvrant presque instinctivement un sexe nu démuni d’une quelconque frivolité vestimentaire.
Le temps n’était plus à la réflexion et le regard qu’elle lui jeta à cet instant venait de lui faire gravir un échelon sur l’échelle symbolique de la luxure en un témoignage irrévocable sous la toile de son pantalon.
« Je suis à vous...
-Entièrement ?
-Vous me plaisez, Dominique, prenons mon véhicule !
-Comme vous le souhaitez ! »
Lorsqu’elle était sorti de la voiture, elle n’avait pas omis d’allonger ses jambes de manière à ce que Raphaël devine un peu plus concrètement le châtiment qui l’attendait entre les cuisses de la créature qu’elle était, délicieuse libertine de fantasmes habitée.
« Laura, je m’absente pour deux ou trois heures, je pars en rendez-vous, je ne veux pas être dérangé », avait-il crié à sa secrétaire en tirant la porte de l’agence
« Deux ou trois heures, vous m’honorez, avez-vous autant de chose à me faire visiter ? »
Elle avait ri, en montant dans le 4X4 noir, en savourant à l’avance cette dérive consentie et complice vers laquelle ils s’envolaient dans la plus grande illégitimité.
Quant à Raphaël, adepte de libertinage extravagant, il se réjouissait déjà d’avoir croisé sur son chemin une aussi adorable garce, capable, son regard en disait long sur ses capacités sensuelles, d’occulter tous tabous.
En cet instant, il la désirait, indécente, impudique, mais aussi capricieuse et soumise et cette fois, en prenant garde de ne pas la contrarier, il lui avait demandé avec élégance mais néanmoins arrogance, qu’elle lui dévoile son sexe, pour en deviner les contours.
Les hommes sont pour la plupart des voyeurs consentis, la simple vision, impudiquement révélée, d’un sexe féminin, produit en eux émois et désirs impulsifs.
Alors comment lui résister. Dominique, n’avait ressenti aucune gêne, et avec une indécence calculée, avait remonté sa jupe jusqu’au pubis, tout en décryptant dans le regard de Raphaël un désir empreint de lubricité. Cette initiative consentie avait eu pour mérite de la mettre dans tous ses états, elle avait eu du mal à calmer son esprit diligentant ses doigts vers de discrètes caresses.
Raphaël, un œil sur la route, l’autre entre les cuisses de sa partenaire improvisée, avait rapidement entamé le cheminement d’une route poussiéreuse et sinueuse jusqu’à une somptueuse propriété.
Elle en avait ri...
« Ce n’est pas dans mes prix
-Moi, non plus, mais tu mérites le luxe, Princesse. Viens suis moi
-Pas besoin de luxe, juste envie de baiser, juste envie d’aimer et être aimer l’espace d’un moment, mais le luxe me plait... et j’ai hâte que tu me baises »
Ils n’avaient pas eu besoin de pénétrer à l’intérieur de la maison, ils n’en avaient pas eu le temps, tant leur désirs s’étaient faits lancinants.
Sous la toiture du Pool-house, au milieu des transats et des matelas entassés, ils s’étaient enlacés, lui ses mains agrippées aux fesses de Dominique, elle, lui arrachant polo, ceinturon et autres vestiges vestimentaires. Ils s’étaient roulés au sol, emmêlant leurs jambes, leur langues, leurs doigts....recherchant leur plaisir dans le désir de l’autre.
Leur étreinte ressemblait à une découverte dans la fièvre d’une débauche annoncée, un initiatique parcours, une reconnaissance du désir, plutôt que du plaisir.
Sensibles aux odeurs, au goût, au toucher les deux amants s’étaient découverts dans le jeu de la perversité, un parfum de dévergondage à venir les avaient rapprochés plus qu’ils ne l’auraient soupçonné.
Toutes leurs pulsions secrètes, leurs pensées obscènes leur criaient attention, mais comme guidés par le même démon, ils avaient fait le choix de leurs envies au détriment de leur peur de mal agir.
S’aimant à profusion, envahis de désirs débarrassés des illusions amoureuses, sans jamais défaillir, ils s’étaient dévorés durant toute la fin de journée, jusqu’à ce que le jour décline ....
Raphaël a perdu ce jour là une cliente potentielle, mais y a gagné une audacieuse libertine.
Ils écument depuis toutes les plus belles propriétés de la région sans jamais se lasser de leur rendez-vous improvisées
Elle n’a jamais plus songé a quitté son foyer. Elle avait goûté au stupre des amours adultères, ces amours interdites qui font qu’en un instant l’imaginaire débordant érotisé par le désir de l’autre vous entraîne vers les fleurs de l’interdit jusqu’à l’épuisement.
Raphaël n’a jamais su pourquoi elle l’avait choisi, Dominique pas plus, d’ailleurs ils ne se sont jamais posé la question !
Pas, de remord, pas de regrets, juste le plaisir d’aimer et d’être aimé, juste le plaisir dans toute la simplicité de la jouissance partagée, car elle s’était juré de ne jamais plus tomber amoureuse.
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© 2008 Mystérieuse
"L'amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines: la caresse et le baiser. "
Pierre Louÿs
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