« Ça commence comme un rêve d’enfant, on croit que c’est Dimanche et que c’est le printemps »
Julien Clerc chante sur la platine, une nostalgique complainte dont Clara ne peut se détacher tant elle lui rappelle de délicieux souvenirs de jeunesse....
Il a raison Julien, elle croit que c’est Dimanche...
Il est encore très tôt mais pour autant en cette belle journée presque printanière, elle décide d’aller prendre son petit déjeuner en extérieur.
Vite préparée, une tenue très féminine. Une robe stricte pas trop austère, décolletée mais sans abus, en séduction, à discrétion, comme la fente portefeuille qui dévoile à chacun de ses pas, de belles jambes fuselées, laissant entrevoir un trésor de bienfait.
La grande ville est toute proche, mais il faut tout de même une bonne demi-heure pour en atteindre le centre et dégoter une terrasse ensoleillée à cette heure matinale.
Mais elle découvre des gens pressés, des passants s’affairant dans la rue piétonne, la bousculant sans même s’excuser, d’autres qui la claironnent de « pardon », pour pouvoir la doubler.
Comme étrangère à tout cet empressement, elle regrette déjà jusqu’à l’idée de son initiative, pense stupidement à rebrousser chemin.
Mais les regards masculins croisés ici ou là dans l’urgence des comportements la ressaisissent. Elle n’est devenue que trop sauvage, voire marginale face à cette société de « névrosés », de consommateurs invétérés de travail, et pour lutter contre son isolement, elle décide de rester.
A la terrasse des cafés, des hommes, tous cravatés, des femmes, toutes pomponnées ingurgitent au risque de se bruler les papilles, un café brûlant et stimulant.
Les garçons de café s’activent dans un brouhaha de discussions enchevêtrés, à la recherche de monnaie dans les revers de leurs tenues, lancent des « bonjour », des « au revoir » aussi anonymes qu’impersonnels.
Clara s’amuse de cette routine, puis par souci de contenance, ou tout simplement s’isoler un instant de tout cet affairement, elle se rapproche de la table voisine
Pardon, Monsieur, puis- je prendre le quotidien ?
-Oh oui bien sûr, lui répond t-il en lui tendant le journal plié.
Il lève sur elle un regard très clair peu anodin, et comme par égarement frôle sa cuisse de sa main. Elle ne réagit pas, sourit intérieurement, l’homme est bien plus que séduisant, il est renversant de séduction.
En une fraction de seconde elle a enveloppé le personnage qui se tient face à elle.
Des cheveux courts bruns, coupés à la perfection, un nez et un front de conquérant, des lèvres ou plus précisément une bouche qui ne mérite que d’être embrassée....
Vêtu de noir des pieds à la tête, jeans surmontés d’un pull col V, sa tenue vestimentaire dénote une étrange manière de se caractériser, d’ailleurs il ne ressemble en rien aux autres clients de la brasserie.
Une barbe naissante, de longues pates encadrent son visage, donnant à sa personnalité une note supplémentaire de virilité.
Il lui plait ...dommage qu’il soit agréablement accompagné !
Mais cette main égarée était-elle volontaire ou le fruit du hasard ?
Sans plus de politesse, elle rejoint sa table, le journal à la main et commande un grand café, des croissants, du jus d’orange.....
Un petit déjeuner continental donc lui dit le serveur
-Oui oui, c’est ça, oui désolée, Merci
« Pierre, un autre café, s’il te plait, lance le ténébreux inconnu à l’attention du serveur
-Avec un verre d’eau comme dab
-Oui, Merci ! »
La femme, fort belle du reste, l’accompagnante en quelque sorte se lève, pose un baiser sur la joue de son compagnon assujetti d’un ciao ciao Chéri auquel il répond par un ciao Ma Belle...
Derrière les pages froissées du quotidien, Clara, épie ou plus exactement essaie de l’analyser.
Mais quelle est donc cette nouvelle ferveur qui l’anime comme si cet inconnu l’avait soudain sortie de son statut d’ermite.
Les hommes elle n’y croit plus, tous plus décevants les uns que les autres, alors elle vit recluse derrière ses volets blancs en haut de sa colline au milieu des oliviers, en rêvant en secret qu’un jour un prince charmant viendra l’enlever.
Clara est une artiste dans l’âme, la tête dans les étoiles, mais elle reste une femme très sensuelle toujours gourmande de nouveauté, de nouvelles expériences sentimentales pour peu que l’homme convoité soit réceptif à ses audaces de séduction.
Mais de dérives sensuelles en élucubrations elle a fini par en perdre tous ses repères, à dérouter chacun de ses amants même les plus audacieux.
Comme un ombrage à ses pensées tumultueuses, l’inconnu vient de l’aborder, discipliné, presque trop parfait dans son approche de prédateur.
« Puis je vous offrir un café ? »
Elle lève la tête, presque comblée de cette soudaine tentative d’intrusion, mais dissimule sa joie derrière un timide mais non moins approbateur
« Si cela vous fait plaisir »
A cet instant elle songe à la chanson de son idole de jeunesse
« Ça commence comme un rêve d’enfant, on croit que’ c’est dimanche....... »
Le regard de son interlocuteur est insoutenable de clarté, elle a du mal à contrôler ses émotions lorsqu’il parcourt avec beaucoup d’assurance ses jambes croisées sous la table.
Il s’assoie à ses côtés, sans omettre d’effleurer une nouvelle fois la cuisse dévoilée par le pan de la jupe qui se dérobe sous ses gestes féminisés par cette approche par trop virile.
Voilà, Madame, un petit déjeuner.....Oh, Marco, tu as déménagé, ta sœur est partie, tu es perdu !
-Que veux-tu le géméllité est un bien étrange phénomène....
-Votre sœur, j’aurais juré que....
-Dois je y voir un quelconque intérêt de votre part, vous aurais je troublée ?
-Troublée n’est pas le mot, mais oui je vous ai remarqué
Le garçon de café, en professionnel qu’il est, pour échapper à toute ingérence malsaine, s’éloigne.
La discussion se poursuit naturellement, dans un parcours de découverte mutuelle, en questionnement et autres banalités conceptuelles jusqu’à ce que l’audacieux inconnu, au détour d’une phrase
« Êtes-vous libre pour la soirée ? »
Comme subjuguée, par l’improvisation de la situation, Clara répond, sans réfléchir
« Oui, évidemment, enfin, je ne sais...
-Vous avez dit oui, c’est entendu
-Mais que me proposez-vous ?
-Vous verrez, je devine que vous aimez l’inconnu, alors laissez vous guider »
Elle acquiesce sans plus de retenue...
A SUIVRE...
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