"TRIANGLE DES BERMUDES" YVES HAYAT A LA GALERIE DU FORUM A MONACO JUSQU'AU 24 FEVRIER
Une journée, encore une est en train de décliner. Elle ne se lasse jamais de ces couchers de soleil sur la colline d’en face, quand le soleil commence sa déclinaison dans des tons empourprés sur fond d’azur à peine rosé.
C’est à cette heure choisi qu’elle aime enfin se poser, peut être se servir un drink pour entamer la soirée qu’elle va passer sur le clavier s'énivrant des histoires qu’elle va inventer ou détourner de la réalité pour mieux rêver.
Cette journée fut pourtant particulière. Exceptionnellement elle s’est échappée de sa cage dorée comme un oiseau recouvrant sa liberté ...et le hasard, elle n’y croit plus vraiment, enfin le hasard a fait qu’elle a retrouvé une amie qu’elle avait un peu perdue de vue....
« Ma chérie, tu es belle, tu es si belle, bien dis moi, tu portes bien tes cinquante ans, vraiment tu m’épates »
Elle avait écouté sans quoi trop savoir répondre, son amie volubile ayant l’air ravie de cette rencontre inopinée.
« Tu entends ce que je te dis, tu es belle, regarde moi, ce reflet dans le regard c’est quoi ,un nouvel amant?
-Oh merci, c’est gentil, mais tu sais je ne fais plus grande illusion.
-Tss-tss allons boire un verre »
Elle avait papoté une bonne partie de l’après –midi, pourtant Dominique avait ressenti comme un malaise, une présence qui l’enrobait .Surement la foule environnante par manque d’habitude, avait-elle pensé.
Les deux amies s’étaient quittées dans la bonne humeur se promettant de s’appeler très vite...
Sur le chemin du retour, elle avait déniché une délicieuse petite robe qu’elle avait essayée à la hâte, classique mais pas trop ....et toujours cette même impression lorsqu’elle avait quitté le magasin, son achat à la main.
Regardant alentours, elle n’avait pourtant hier remarqué de suspect .Des hommes, des femmes, des séduisants, des moins beaux, des plus beaux, des ....une seule envie rentrer et se glisser dans un bain bien chaud.
La solitude de son foyer est son seul réconfort, depuis que sa petite maisonnée autrefois remplie de rires d’enfant, s’est réduite au silence.
Le coucher de soleil est bien présent, elle tourne la clé dans la serrure, jette son paquet sur le canapé en même temps que son corps éreinté. Elle envoie balader ses hauts escarpins, se masse les pieds, ôte son pantalon sur place, se débarrasse de son corsage, et juste vêtue de lingerie, court comme une petite souris se faire couler un bain.
C’est pourtant l’heure de se mettre au clavier, un peu, juste un peu , le temps que la baignoire se remplisse.
Musique sur la platine sur bruissement d’eau, elle s’installe confortablement en string et soutien gorge face au bureau .Ses doigts courent immédiatement jusqu’à ce qu’elle surprenne ces quelques taches brunes sur ses mains. Qui voudrait encore que ces mains parcourent un corps masculin ?
Elle aime tant faire l’amour, mais le temps passe, sa solitude l’apaise mais la détruit aussi.
Etait ce donc cela cette présence ressentie plus tôt dans l’après –midi, un désir de séduction, une envie que la femme qu’elle est résiste aux agressions du temps?
Les mots de son amie résonnent dans sa tête « Tu es belle, Ma Chérie », mais elle se sent si seule, a quand remonte sa dernière partie de baise ....Trois mois, quatre mois, il était bien plus jeune qu’elle, mais elle s’est laissée déroutée, qui pourrait lui en vouloir.
Il voulait la revoir, il aimait la femme qu’elle était, il avait aimé lui faire l’amour des heures, alors que disait-il les gentilles demoiselles ne l’intéressaient pas.
Elle avait pris cela pour de la gentillesse, voire de la compassion, et pourtant quand il lui avait demandé son numéro de portable, elle avait hésité avant de lui donner. Mais il n’avait jamais rappelé...
Où l’avait-elle rencontré ,sa mémoire lui faisait défaut ...Ah oui cet expo ,cette étrange exposition, ce vernissage Galerie du Forum à Monaco...Finalement à bien y réfléchir , il n’y avait bien longtemps ,c’était le 24 janvier ,oui c’est cà ,petits fours et autre mise en bouches ,une ou deux coupes de champagne et ce charmant jeune homme qui vient soudain l’aborder, lui parler d’art , de photos , de peinture ,d’elle ,beaucoup d’elle .Elle est flattée , elle est troublée...
"Venez allons boire un verre ailleurs
-Mais je suis venue avec une amie
-C’est parfait, je vous raccompagne
-Mais ...
-Où est votre amie ?
-Là !
-Je raccompagne votre amie, Mademoiselle ....
- Alex , je m’appelle Alex ! Mais c’est ma mère !
-Trop tard je vous l’enlève !"
Au seul souvenir de la tête d’Alex, elle sourit ....Pas un soupçon de scrupule ne l’avait alors effleuré. Alex n’avait jamais reparlé de cette soirée....elle l’avait attribué à la mémoire que l’on dit sélective, celle qui arrange pas mal de situations délicates.
Le bruit de l’eau l’arrache soudain à ses pensées, et quittant à la hâte sa lingerie, elle se laisse doucement glisser dans l’eau se libérant dans un soupir de bien être....
Elle aurait pu rester ainsi des heures, mais le changement soudain de cadence musicale la sort de sa torpeur.
"Alex, c’est toi, tu ne m’avais pas dit que tu passais ....Alex, réponds, es tu là ? Alex ...."
Elle s’enveloppe à la hâte d’un peignoir blanc et s’empresse vers le salon, glissant sur le parquet ....
Alex ?
Seule la musique répond à son appel. Rarement inquiète, elle donne un tour de clèf, à la porte d’entrée, avant de découvrir sur le document ouvert de son écran
« Maman, je ne fais que passer, j’ai récupéré un cd et tes escarpins rouges, merci bises ....sois sage ! Alex »
Dominique pousse un soupir de soulagement, se sert « le drink » du soir et se remet au clavier.....
« Ben, s’était approché de moi, furtivement mais avec une assurance dans le regard .J’avais tout de suite aimé sa petite frimousse de gueule cassée, j’ai toujours eu un penchant pour les bad boys, et surtout quand ils sont mal rasés.....Bonsoir, je m’appelle Ben, m’avait-il dit en me tendant une main ferme et amicale......»
Dominique tape, tape, s’émerveille des sensations ressurgissant à l’écriture de ses mots ....mais deux mains masculines viennent de se poser sur ses yeux entravant sa vision.
Etrangement cette soudaine intrusion, ne la surprend pas dans la démesure, mais génère plutôt des interrogations...
Ses sens sont en éveil, une fragrance de parfum au masculin éveille son instinct, elle reconnaît l’odeur, mais celle-ci lui semble si peu habituelle .....
Instinctivement, elle pense à son mari , ex -mari, elle a du mal à s'y faire,qui passe parfois à l’improviste pour partager un moment avec elle .....Mais il n’est pas joueur, ne l’a jamais été .....Et ce parfum n’est pas le sien.....
« Je vais enlever mes mains, mais garde les yeux fermés, s’il te plait, fais ça pour moi.... »
Par péché d’orgueil ou de gourmandise, par jeu ou par séduction, elle obéit dans l’instant et laisse les mains inconnues glisser dans son décolleté, élargir la vision de ses petits seins rebonds....
« Garde les yeux fermés. »
Un bandeau improvisé vient se substituer à son regard interdit et cette seule subtilité éveille en elle plus de volupté, plus de frissons ......
Elle sent des mains la soulever, agripper la rondeur de ses fesses, la déposer sur le bureau débarrassé de son « bordel » dans un fracas résiduel
.Elle attend, elle ne sait quoi, mais son corps s’enorgueillit, elle retrouve sa fierté féminine, ses cuisses se tétanisent à l’approche de l’effleurement d’une langue égarée le long de ses jambes fuselées, à l’interstice de son sexe. Un souffle, une chaleur, une humidité, l’obscurité multiplie ses sensations jusqu’à l’abandon alors même qu’il l’a à peine touchée....L’interdit de la situation, le danger, si danger il y a, redonne à la femme toute sa force de persuasion sensuelle. Ses mouvances incontrôlées, son humide intimité autant de codes secrets qu’elle dissémine pour jalonner son horizon....
Elle se sent comme violée dans sa féminité , mais avec son assentiment, comme une violence partagée dans la plus grande intimité de ses secrets érotisés...
La suite n’est que douceur, caresses et autres préliminaires prédisposant la plus prude des femmes à des dérives d’impudique caractère.
Les jeunes amants sont ainsi avec les femmes matures qu’ils déshabillent, ils rivalisent de prouesses et d’imaginaire pour combler de plaisir ce corps avide de sensations.
Le silence est retombé sur la pénombre de la pièce.
Alors même que Dominique murmure le prénom de Ben, elle se délecte du doux plaisir de se sentir pénétrer, cette primitive sensation que seule une femme peut qualifier de possession, ce merveilleux désir enfin concrétisé dans l’effleurement des chairs et les corps mélangés.
"Oui Dominique, c’est bien moi, c’est Ben, je t’ai suivi tout l’après midi, de loin, de crainte que tu ne me chasses.....
-C'était donc toi cette troublante impression....
-De quoi parles-tu?
-Rien ,oublie..."
Dominique enlève le bandeau, et son regard en dit bien plus long que n’importe quel mot.....
Ses doigts s’effacent du clavier, diluent les mots dans la douceur, elle boit une gorgée de drink et puis appose le mot fin....
Quand l’imaginaire rejoint la réalité .....Dans l’obscurité de la pièce on devine l’ombre d’un jeune homme cramer une nouvelle cigarette....Dominique sourit ...à la vie ,ses mains sont encore vouées à un bel avenir clandestin !
FIN
A BEN ...
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