Lorsqu’ils avaient rejoint le véhicule garé tout près, Max entre curiosité et excitation avait harcelé Elisa de questions plus indiscrètes les unes que les autres.
Elisa, dis-moi, Pauline et toi avez-vous été amantes ?
-Ta question est très indiscrète Max, et puis pourquoi cette question ?
-Ta réponse est un aveu détourné. C’est Pauline, tout à l’heure qui m’a dit « nous deux, il y a bien longtemps que c’est fini. »
-Ecoute Max, c’est une vieille histoire d’ado, tu vois de quoi je veux parler, je n’ai pas envie d’étaler mes états d’âme. Et puis Pauline est très joueuse et très complice....
-Intéressant !
-Que veux-tu dire ? Ne me dis pas que ...Max ! Elle l’avait frappé gentiment d’une petite claque sur le bras ...
-Que veux- tu, je ne suis qu’un homme !
-Oui je vois, mais pas très original, je suis déçue.
Elle avait éclaté de rire et puis avait rajouté
Mais tu peux te rattraper. Amène moi au château, j’adore la vue qu’il y a de la haut, et j’adorerai que tu me baises devant cet horizon insaisissable, cette immensité visuelle.
-Au château ??
- Donne-moi les clés ...
Il avait tendu on trousseau sans trop rechigner, l’idée était séduisante bien qu’il n’ait aucune représentation concrète du lieu où elle voulait l’entraîner. Cette femme avait un imaginaire débordant, la guidant inévitablement vers des situations aussi extravagantes qu’affriolantes.
Elisa, es-tu sûre que...
-Je ne suis sûre de rien, sinon aucunintérêt...
-Pas faux !
Il avait défait les boutons de son chemisier un à un, dévoilant de façon discrète un téton affolé près à s’échapper du voile léger.
Jouant de ses doigts sur le tissu vaporeux enrobant la pointe du sein, il s’était plu à observer la réaction quasi spontanée de sa partenaire.
Mordillant ses lèvres, ses mains bien serrées sur le volant, elle avait eu beaucoup de mal à contenir ses émotions, furieuse dans l’instant d’avoir opté pour le pantalon.
Elle aurait tellement désiré à cet instant précis, qu’il pousse plus loin ses caresses ,tout contre son ventre, puis plus bas doucement , entre ses cuisses ouvertes, contre son sexe offert à de délicieuses promesses.
Elle avait détourné l’attention de Max, peut être par hasard, peut être pour recouvrer ses sens.
Nous y sommes presque .Après une montée abrupte ils avaient atteint un promontoire désert dominant la Baie des Anges. Elle avait garé le véhicule, puis avait entraîné Max vers un sentier buissonneux guidée par le bruit de plus en plus précis de l’eau qui tombe en chute...A cette heure avancée de la nuit ,l’endroit était désert et juste habité par quelques bruissements végétauxsous la brise matinale , la rumeur résonnante des véhicules quelques quatre-vingt dix mètres plus bas étouffé par le fracas aquatique de la cascade artificielle.
Au détour du chemin, une vision féérique s’était offerte à eux, et Elisa, comme une enfant insouciante était montée sur la balustrade frayant la voie à de nouvelles découvertes tout en subtilité.
Au péril de sa vie, comme une funambule, défiant avec orgueil et insolence le regard de Max, elle avait pas à pas surplombé les cascades jusqu’à ce qu’il ne l’agrippe violemment pour la faire abdiquer...et l’attirer à lui, sur le sol moins hostile.
Tu es folle.....ne fais plus jamais ça !
C’est l’instant bien précis qu’elle avait choisi pour enrober les lèvres de son amant jusqu’à le faire suffoquer, et puis l’instant d’après elle s’était dévêtue au milieu de la nuit, laissant choir à même le sol chaque pièce de sa tenue que Max avec beaucoup de servitude s’appliquait à ramasser.
Tournoyant dans la nuit jusqu’à un écrin de verdure, elle s’était enrobée d’une sensuelle brûlure, brûlure du désir de fantasmes habité.
Au dessus des cascades, son buste, ses seins nus dans le vide, elle l’avait prié, puis supplié de la prendre ainsi face à l’immensité des eaux méditerranéennes. Oubliant l’incongruité ainsi que le danger de la situation, dans un élan viril, dégrafant ceinturon et boutons irracibles, il avait laissé choir son jeans sur ses chevilles, rejoint presque instantanément par son boxer de coton.
Face aux ondes si calmes de la Méditerranée, aux premières lueurs d’un matin de septembre, sans autres préliminaires, si ce n’est quelques morsures et des mains agrippées sur une croupe ambitieuse, Elisa avait gémi de plaisir quandMax l’avait prise.
Le contact de ce membre orgueilleux et tendu dans sa fente brûlante avait ouvert la faille de troublantes amours adultères à venir... A n’en pas douter, il était celui qu’elle attendait depuis bien longtemps sans jamais l’avoir espéré.
Une drôle de silhouette de deux amants imbriqués l’un dans l’autre se dessinait maintenant bien nettement dans la lueur matinale baignée de faibles rayons solaires.
Un seul cri, un seul des deux amants, conjugué, gémissements retenus et souffle de jouissance avait signé le pacte des amants diaboliques...
L’âme ivre et le corps alangui par cette étreinte plus charnelle qu’effleurée de sentiments amoureux, elle s’était soudain détachée de Max pour rejoindre les quelques clients enrobés de mouvances dansantes. Au milieu du brouhaha ambiant, mélange de musique et de discussions discrétionnaires, elle s’était mise à évoluer sur le carré dansant, à peine quelques mètres carrés, enlaçant tendrement la féline silhouette de Pauline.
Comme un jeu indécent, elle avait simulé des étreintes érotiques enrobées du mystère des attirances féminines. Pauline, plus par complicité, que par désir saphique, s’était prêtée avec beaucoup de provocation à ce jeu improvisé, allumant des regards aux reflets incandescents dans la faune masculine dont le cercle s’était progressivement agrandi.
Les regards d’Elisa n’étaient que pour son amant, mais Pauline emportée dans une spirale libertine cherchait à affronter, comme un jeu de supplice, un échange plus lubrique dans ses rapports avec son amie. Les deux femmes inconsciemment avaient doucement glissé dans une étreinte plus magique, totalement indifférente au monde environnant. Leurs deux corps imbriqués sur des musiques lascives avaient dérivés vers une étreinte plus torride aux pouvoirs excitants, leurs lèvres comme par enchantement s’étaient doucement effleurées ravivant les effluves des souvenirs passés. Leurs bouches s’étaient collées de manière impudique, teintant l’atmosphère ambiante d’une note électrique. Les déviances saphiques surtout improvisées ont un pouvoir hypnotique sur la virilité qui ferait bander même le plus hermétique aux attirances charnelles. Les regards pervertis par l’audace libertine des deux femmes s’étaient faits plus discrets jusqu’à se diluer dans la masse noctambule, tant leur intimité avaient témoigné d’un instant de magie habité.
Seul Max avait suivi de loin, son verre de bourbon à la main, cette image sensuellement enivrante, songeant bien égoïstement, que ce jeu malsain lui était destiné. Il se sentait instigateur de cette défaillance lubrique, alors qu’il n’en était qu’un maillon infime. Mais il est de la nature masculine se s’accaparer les dérives sensuelles des désirs féminins et max était loin d’être une exception.
Quoiqu’il en soit, la fièvre s’était emparée de lui et sous le coton de son caleçon, la sagesse avait fait place à l’effervescence
Ainsi tendu par des désirs de privation, il avait abandonné son verre sur le comptoir et rejoint les deux femmes enfiévrées qui avaient immédiatement relâché leur étreinte.
Envie de toi avait murmuré Elisa à l’oreille de Max, rentrons, de suite...
Il avait interpellé Pauline
Pauline, nous rentrons
-Ok allez –y, je reste, je me ferai raccompagner par mes amis
-Es-tu sûre ?
-Certaine !
-Es-tu jalouse Pauline ?
-Jalouse ! Elle avait déposé un baiser sur la joue de Max. C’est de toi dont elle a envie, je la connais...nous deux il y a bien longtemps que c’est fini. Allez filez, avait-elle ajouté en jetant un clin d’œil complice à l’homme dérouté par autant de connivence.
Max, en l’espace de quelques heures avait découvert une femme différente de celle qu’il avait rencontré la veille. La petite bourgeoise étriquée et bienveillante qui l’avait accueilli dans son intérieur cossu s’était éclipsée au profit d’une femme plus lubrique, séductrice et peu rebelle aux excentricités érotiques...Les mystères de l’érotisme féminin sont si complexes que peu d’hommes sont à même de les percer. Mais Max faisait partie de ce cercle privilégié, Elisa le savait, Elisa l’avait deviné...
À partir même de ce titre là, on voit que la jeune poétesse essaie de franchir le monde de la sensualité, avec une grande liberté d’esprit, et du corps aussi. Car qui dit « sensuelles » dit « la jouissance, l’amour, le plaisir, la rencontre des corps » et qui dit « déviances » dit, selon le dictionnaire, « une conduite qui s’écarte des normes ».
Et puisque chaque poète possède un peu de folie, qui lui oblige de temps à autre, de quitter la terre de la raison et de plonger dans l’océan de l’amour fou, on trouve que la jeune poétesse, elle aussi, est entrée dans ce merveilleux monde magique, avec une belle volonté, et avec un cœur ouvert.
Pour bien comprendre sa vision à propos de cet univers sensuel, on peut lire ces beaux vers, qui décrivent bien cette vision poétique si attirante, et si éblouissante.
« De dérives sensuelles en rêves utopiques Le romantisme cède sous les coups maléfiques Des lanières acérées des mensonges meurtriers Sur l’esprit malmené par l’amour erroné.
Dans la course aux plaisirs des amours passagères, Je me cherche, je m’égare, je perds tous mes repères Mon corps se fait démon, diabolique ma raison Elle succombe, malmenée, aux dérives des passions. »
Certes, on ne peut pas arrêter de suivre la poétesse dans son parcours poétique, plein d’amour et de sensation, plein de désir et de volupté, surtout qu’elle a pu le décrire avec des mots bien choisis, et des métaphores bien travaillées. Mais qui « amour » dit aussi la joie mélangée par la tristesse, le sourire mélangé avec les larmes, et enfin le plaisir mélangé avec la souffrance.
C’est la loi naturelle qui domine toutes nos émotions, toutes nos passions, et toutes nos envies.
« De désirs liquoreux en vapeurs embrumées Elle guide sa passion en mouvances parfumées Psychédéliques pensées et tortures amères Elle nage dans le plaisir des rêves imaginaires
« Troublants bijoux d’amour au creux de son écrin, Pour conjurer le sort d’un immuable destin, Ses caresses isolées en diamant solitaire Endiablant sa solitude d’une troublante fièvre. »
Certes, l’amour est un paradis, mais il est aussi un enfer lorsque nous aimons quelqu’un, un autre qui ne fait aucune attention à notre amour envers lui. Car dans ce cas là, cet amour qui brûle dans notre cœur ne cesse jamais de nous faire souffrir. Et cela, rend la vie plus dure dans nos yeux. C’est pour ces raisons que Sartre a dit que l’enfer c’est l’autre. L’autre qui reste toujours présent dans notre parcours mobile dans cette courte vie.
En décrivant cet état d’âme, la poétesse ne baisse pas les bras devant cette situation existentielle, car grâce à sa volonté, elle a pu retrouver son amour fuyant. Lisons ces beaux vers :
« Troublante facétie que l’envie de séduire Comme une allégorie écrite pour instruire Elle mène la cadence d’une passion dévorante Pour l’autre, celui qui, l’accueille en dilettante
Aimer sans être aimé, quelle gageure Croire à la destinée d’une attirance majeure Exécrer les barrières et les faire tomber, Telle est ma volonté, enfin te retrouver. »
On remarque que l’amour ici, dans ce recueil de poèmes, prend le visage de l’envie sensuelle, la figure de la volupté même, puisque « aimer » ici, veut dire « tomber « dans les bras de l’être cher. L’amour ici, « c’est l’union des contraires, féminin et masculin » avec toute liberté. L’amour ici, c’est Eros qui personnifie le désir amoureux.
La poétesse dit à propos de cela ces vers là :
« Il était mon amant, j’étais sa libertine. Je lui offrais mon corps et mes courbes mutines. Ma peau sous ses caresses, ses mains si adorées, Prenait dans mon esprit des teintes mordorées.
Par ses paroles ses mots, en moi il existait En mon âme féminine, il m’avait envoûté Amant, maître à penser de mes désirs profonds, Il avait révélé en moi toutes les passions. »
Ainsi, on peut dire que la poétesse Dominique Alers a pu nous offrir dans son recueil de poèmes là, en tant que lecteurs de sa poésie, une grande jouissance intérieure, selon l’expression poétique du terme. Car seule la poésie qui peut avec ses phrases métaphoriques, nous présenter la beauté de ce monde sensuel, puisqu’elle arrive souvent à nous faire plonger dans des rêves inattendus, des rêves qui dépassent le sens même des rêves ordinaires, selon l’expression cette fois de l’école surréaliste.
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- Dominique Alers : « Sensuelles Déviances », éd Mille Poètes LLC. USA 2007.
Dans le véhicule roulant dans la nuit, à destination de...seule savait Elisa, régnait une chaleureuse ambiance .Seul bémol, Pauline avait eu beaucoup de mal à s’intégrer au couple en proie à des comportements dérangeants.
Elle s’était tassée sur le siège arrière, très à l’étroit sur la banquette du coupé sport.
Max, sans un soupçon de réserve, avait entamé une discussion avec Elisa sur sa tenue vestimentaire
Dis-moi, Elisa, as-tu oublié mon appel en débutde soirée ?
-Non pas du tout !
-Et donc, donne-moi une explication....
-L’idée m’a séduite, mais vois –tu, je n’ai pas l’habitude d’obéir...alors j’ai opté pour un pantalon
-Je vois, je suis...
-Tu es ?
-Ravi...c’est le mot ravi, je n’aurais pas aimé que...
-Si je vous dérange, avait tenté Pauline timidement. Mais enfin de quoi parlez-vous ?
-Et bien vois tu chère Pauline, Max m’a téléphoné en fin d’après midi, en me priant de ne pas porter de petite culotte
-Oh pardon, c’est très intime comme discussion, mais...
-Mais quoi Pauline ?
-Vous auriez pu attendre d’être seuls pour en parler.
-Choquée Pauline ?
-Non pas choquée Max, juste n’oubliez pas que je suis amie avec Philippe
-Oui, moi aussi, et alors ?
-N’avez-vous donc pas un minimum de respect pour vos amis.
-Je n’ai pas l’impression de manquer de respect à Philippe. Voyez vous, pour baiser, il faut être deux, et à aucun moment votre amie n’a manifesté de résistance. N’est ce pas Elisa ?
Elisa avait souri, de la confusion dans le regard...
Mais dites moi Pauline, vous, m’auriez vous obéi si je vous avais demandé de ne pas mettre de lingerie
-Je ne porte jamais de petites culottes
-Provocation et séduction, j’adore, me serais- je tromper de cible ?
-De cible, Max, n’en as-tu donc jamais assez, avait rétorqué Elisa, visiblement vexée par cette réplique.
Il s’était réjoui de cette situation qui avait eu pour effet d’entraîner une concurrence entre les deux femmes. Il le savait par expérience, les maîtresses ne sont jamais aussi généreuses que quand elles se sentent en compétition.
Comme pour teinter l’ambiance électrique, Pauline avait surenchéri
Qui sait ? Et en plus je suis seule moi !
-Pauline !ça suffit !
-Houlà, Mesdames, pas d’énervement, je suis tellement ravi de sortir avec deux charmantes femmes
La discussion avait tourné court, Max s’était garé, puis avait aidé Pauline à s’extirper du coupé, analysant au passage les longues jambes dévoilées par une jupe trop courte et trop étroite pour un tel véhicule. Il avait même laissé courir son regard plus haut entre les cuisses.
Elle avait dit vrai, elle ne portait pas de dentelles.
Mais cette délicieuse vision, bien qu’excitante, n’avait pas altéré le désir qu’il ressentait pour Elisa. Pauline était pourtant plus belle que son amie, plus grande aussi, mais il lui manquait cette grâce et cette séduction naturelle qu’il avait décelé au premier regard chez Elisa.
C’est là, juste au coin de la rue
-On te suit Elisa, tu connais ?
-Pas du tout Pauline, on m’en a juste parlé
Deux vigiles barraient l’entrée, deux grands gaillards le crâne rasé, et cet air suffisant que semble imposer le métier de physionomiste. Ils ne leur avaient pourtant opposé aucune résistance Ils n’avaient pas eu droit au « je suis désolé, ça va pas être possible ».Les trois amis étaient entrés dans les lieux sans aucune difficulté.
L’endroit était charmant, dans une ambiance art déco, le tout agréablement harmonisé de lumières tamisées. Plutôt bondé pour un milieu de semaine, les endroits intimistes étaient tous occupés, c’est donc au bar, que les trois amis s’étaient installés.
La musique bruyante avait tôt fait d’entraîner Elisa dans une ambiance sensuelle, érotisant chacun de ses gestes par des oscillations de bassin. Max avait saisi l’occasion de glisser sa main sous le pull d’Elisa qu’elle avait enfilé à même la peau. Promenant sans préférence ses doigts de ses reins à son ventre frissonnant, il avait poussé plus loin ses audaces sensorielles en égarant sa main sous, puis sur les seins de la femme jusqu’à exciter ses tétons qui devenaient de plus en plus arrogants sous le tissu de vêtement. Elle avait renversé la tête, détaché ses cheveux, se laissant guider par la musique, l’alcool et les frôlements délicieux de son amant. Autant d’abandon au milieu des clients du pub, autant de sensuelles démonstrations, loin de créer une quelconque gêne, avait comblé Max.
Il fallait qu’elle cesse d’être elle-même, au risque qu’il tombe amoureux, et l’amour n’arrangerait rien à l’affaire, car c’était la femme charnelle qu’il préférait par-dessus tout.
Pauline recherchait dans l’assistance, une quelconque connaissance qui aurait pu l’arracher à l’inconvenance de la situation qui ne pouvait que s’aggraver au fil des heures écoulées.
Elle sirotait un verre tranquille, sur un tabouret haut perché, épiant chaque homme ou femme faisant son entrée dans les lieux.
Ah Elisa, regarde il y a Antoine et Monica, je vais leur dire bonjour.
Elle avait sauté du tabouret, légère comme un plume et s’était éclipsée alors même que son amie trop occupée à mordre les lèvres de Max, coincé entre ses cuisses écartées...
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