Il est des destins si fragiles qu’ils peuvent chavirer en un instant. Un regard plus troublant, peut vous emporter irrémédiablement loin d’une existence austère, pire vous conduire tout droit vers une spirale infernale dont vous redoutez à chaque instant qu’elle ne s’arrête.
Elisa est une femme charmante, toujours accueillante. Vous dire d’elle qu’elle est belle ne serait pas la vérité, mais plutôt attirante voir même envoûtante.
Elle rivalise de courtisans avec les plus belles d’entre nous, tant tout dans son comportement relève du mystère. Elle dynamise l’emportement dans ses approches de séductrice, sauf si ce n’est que pour elle, son attitude n’est que ludique pour pimenter sa vie de couple.
Une vie bourgeoise, dans le confort, parfois l’ennui, font d’elle une femme enviée par son entourage.
Un beau mari toujours présent, si attentif à ses désirs, la couvre d’amour, de volupté pour la combler, la préserver...Mais elle étouffe sans le savoir, trompe son manque dans ses achats.
Une garde –robe impressionnante qu’elle renouvèle à profusion trahit une carence d’interdit, de ce charnel qu’on dit divin à la frontière des possibles.
Alors elle pèche par omission dans ses froufrous, dans ses dentelles, en se disant qu’un jour peut être, elle trouvera son âme sœur, un homme plus fou, plus disjoncté qui l’emportera vers un monde illégitime dont aucune frontière n’est infranchissable....
Elisa était plongée dans un roman, parcourant de ses yeux innocents les mots alignés.
Ses lectures érotiques la font rêver, mais elle en déchiffre l’utopique, l’imaginaire est hypocrite.
La sonnerie du téléphone avait retenti sur les notes de Chopin.
Allo.
-Oui Chérie, c’est moi. J’ai retrouvé un vieux copain, qui cherche une maison dans le coin...
-Et laisse moi deviner, tu l’as invité à la maison
-Oui, donc prépare la chambre d’ami, au rez de chaussée, il risque de rester quelques jours...
-Ok, je le connais ?
-Pas du tout, Ma Puce, mais je sais déjà que tu vas l’aimer. A ce soir, prépare nous un truc sympa, mais pourquoi dis-je cela, j’adore tout ce que tu fais
-Ok, Mamour, à toute l’heure
-Je t’aime, Ma Puce, à tout à l’heure.
Lorsqu’il lui disait je t’aime elle ne répondait plus, cette aveu permanent avait pris une teinte de banalité tant il était excessif et répétitif.
L’après midi s’était déroulée dans la sérénité et son imaginaire culinaire avait rivalisé de créativité. Elle adorait faire la cuisine et combler ses convives, et bien plus encore quand l’invité était un illustre inconnu.
Elle avait adoré cette idée qui avait soudain bouleversé sa vie tranquille, et une fois le repas prêt, elle avait passé des heures à se pomponner, pourquoi, pour qui ?
C’était bien cela qui l’excitait, l’inconnue....
Aux alentours de Vingt heures, nos deux comparses étaient entrés dans la maison parfumée aux senteurs de fleurs d’orangers et décorée de nombreuses bougies disséminées au quatre coin du grand salon.
Elle les avait entendus rire dans l’entrée ...
Viens ma Chérie, je te présente
Elle s’était avancée d’un pas léger dans l’embrasure de la porte, le port altier et séduisant.
Le regard qu’elle venait de croiser l’avait étrangement désorientée
Maxime, je te présente Elisa, mon épouse, Elisa Maxime...
-Enchanté, Maxime.
Elle lui avait tendu une main ferme, son regard hypnotisé par le sien
Philippe, ne m’avait pas menti, vous êtes ravissante, et même bien en dessous de la vérité
-Allons, je vous en prie, pas de banalités entre nous...
-Et, toutes griffes dehors en plus, mon vieux tu as bien de la chance
-J’avoue Ma puce, que tu es très en beauté ce soir...
-Votre maison est aussi accueillante que son hôtesse, je suis gâté !
-je vous remercie Maxime, mais j’aime faire plaisir à mes invités
-Vraiment ? Voilà qui me laisse à penser que je vais beaucoup me plaire ici...
Elisa avait baissé les yeux, quelque peu perturbée, par cette réplique. Mais pourquoi Maxime la troublait-elle autant. C’était comme si un fantasme refoulé venait de franchir le seuil de sa maison.
Elle s’était éclipsée sur ses hauts talons, laissant dans son sillage à chacun de ses pas un ondulent déhanché qui laissait deviner une croupe haute et redonde sous le tissus léger.
« Je suis sous le charme Philippe, Elisa est une femme délicieuse, et ce regard
-Dis donc mon vieux, tu ne va tout de même pas me la subtiliser
-Que vas-tu penser, juste une constatation
-Alors messieurs, ouvrons- nous une bouteille de champagne pour fêter vos retrouvailles
-Avec plaisir Elisa, les bulles ont toujours ajouté une note de félicité à la plus humble des demeures.
- Alors Maxime, dans quelle branche êtes-vous ?
-Comme Philippe, je suis médecin, chirugien plus exactement, mais ne vous a-t-il rien dit ?
-Non, à peine votre prénom
-Mon vrai prénom est Maximilien, Max pour les intimes. Appelez-moi Max
-Mais nous ne sommes pas intimes
-Non, du moins pas encore
-Mais tu dragues, ma parole avait rétorqué Philippe
-Rien de bien grave...tu sais je n’ai pas changé
-Tu sais Ma Chérie, Max avait toujours un temps d’avance sur moi, il a toujours détourné les plus jolies filles avant même que je ne les vois
- Toutes non, tu as trouvé Elisa avant moi
-N’en jetez plus Max, ou Philippe va finir par être jaloux
-Moi jaloux, tu plaisantes, j’ai la femme la plus fidèle qui soit...
-Ils disent tous ça !
-Max, ne tourmentez plus Phil, il va finir par douter de moi »
L’apéritif s’était poursuivi dans la bonne humeur et les fous rires chacun des gais lurons y allant d’une anecdote croustillante sur les aventures passées
Elisa, les avait écouté avec beaucoup d’amusement, ces deux là avaient du se payer du bon temps sur les bancs de la faculté .Sans même s’en rendre compte Elisa avait bu deux, voir trois coupes de champagne, et c’est légèrement enivrée qu’elle leur avait demandé de passer à table.
Chéri, veux tu aller chercher les entrées et le vin que j’ai mis en carafe, je crois que les bulles me sont montées à la tête.
-Bien sûr, Ma Puce...
Il s’était éloigné en chantonnant
Philippe a l’air très amoureux
-Oui trop parfois, mais on ne peut lui reprocher
Elisa avait pris place à la table ronde, rejoint par Maxime qui, décalant l’assiette de son emplacement, avait choisi de s’installer juste en face de son hôtesse
-Mais que faites –vous Max, une superstition ?
-Non, pas vraiment, plutôt un drôle d’idée qui vient de traverser mon esprit
- Une drôle d’idée ?
-Ou plutôt une idée attirante
-Et voilà, les entrées, salade de coquilles Saint Jacques en vinaigrette de Curry
L’entrée fracassante de Philippe avait coupé court à toute autre interrogation, mais le regard De Max à l’égard d’Elisa en disait long en matière de transgression.
Elle ne pouvait détourner son regard de cet homme assise en face d’elle tant l’arrogance de son attirance était flagrante, envahissante.
En vérité elle n’avait plus participé à leurs dialogues tant ses pensées s’étaient égarées.
Elle aimait jouer, séduire les hommes, mais l’assurance qu’il dégageait lui faisait craindre que le lubrique prenne le pas sur le ludique. Pourtant, elle s’était engouffrée dans la brèche ...
Ses attitudes sensuelles, ses sourires très discrets, et ses regards électrisés n’avaient plus rien d’une femme sage et Max ne s’y était pas trompé.
Le repas semblait s’éterniser sous la verve volubile de Philippe, mais bizarrement elle retardait l’instant où il quitterait la table
Sous la table, et quelques verres plus tard un drôle de manège s’était organisé.
A l’insu de ses convives, max avait quitté un de ses mocassins, et subrepticement, par un jeu de jambe peu anodin, mais fort bien élaboré, avait convié Elisa à en faire de même. A peine avait-elle eu ôté ses escarpins, qu’il l’avait de son pied, aidé à écarter ses cuisses.
Pars un soupçon de gêne n’avait ombragé le visage d’Elisa qu’elle avait illuminé d’un sourire complice et contagieux.
Quel pouvoir avait cet homme pour ainsi la diriger et deviner son attirance ?
Aucun avait-elle pensé je suis juste complice de son impudence. Mais en vérité elle s’en délectait autant que lui, tant leur attitude en apparence révérencieuse, laissait planer des mœurs plus pernicieuses...
A suivre...
Après un long moment d'absence sur ton blog, je me fais plaisir a venir lire ton dernier texte.
Toujours aussi prenant, je guetterais la suite ;-)
Rédigé par : eddynamite | 27 novembre 2007 à 19:28
"Elle rivalise de courtisans avec les plus belles d’entre nous, tant tout dans son comportement relève du mystère."
"Une garde–robe impressionnante qu’elle renouvèle à profusion trahit une carence d’interdit, de ce charnel qu’on dit divin à la frontière des possibles.
Alors elle pèche par omission dans ses froufrous, dans ses dentelles, en se disant qu’un jour peut être, elle trouvera son âme sœur, un homme plus fou, plus disjoncté qui l’emportera vers un monde illégitime dont aucune frontière n’est infranchissable...."
C'est impressionnant, même quand vous prosez, vous gardez le rythme de vos alexandrins dans vos descriptions renforçant le charme de votre héroïne… Alors soit vous êtes poétesse tout le temps (vous devez sortir d'une pièce de Molière, ou de Musset…) soit vous êtes musicienne… ?
"Elle s’était éclipsée sur ses hauts talons, laissant dans son sillage à chacun de ses pas un ondulent déhanché qui laissait deviner une croupe haute et redonde sous le tissus léger."
Encore ici, on suit ce déhanché voluptueux au rythme de vos mots…
"Mais en vérité elle s’en délectait autant que lui, tant leur attitude en apparence révérencieuse, laissait planer des mœurs plus pernicieuses..."
Si on veut la suite ? c'est avec une certaine impatience.
Mais l'illustration n'en dit-elle pas un peu trop, pour un fois ?
Qu'importe, je me délecterait également autant qu'eux du conte de la suite des évènements…
Rédigé par : The Blade | 28 novembre 2007 à 13:51
A The Blade:bonsoir ,encore des questions....sourire
Poétesse?J'essaie,musicienne,je ne suis point ,mais avant que vous me posiez une nouvelle question sachez qu'à mes heures perdues je dessine aussi...des nues ça va de soi
Mais une explication tout de même j'adore le tempo, les danses sur huit temps , en mouvance sensuelle quelles qu'elles soient.
L'illustration...la suite vous le dira!
Rédigé par : Mystérieuse | 28 novembre 2007 à 20:43