Justine n’avait pas un goût particulier pour la mise en scène, mais à ce niveau là de sa vie , après quelques amants consommés dans l’insipidité d’une baise entre deux portes ,elle était prête, prête à mettre tout en œuvre pour redonner un sens à sa vie.
Elle s’était garée à l’entrée du village et s’était rendue directement à L’auberge.
L’endroit était accueillant, mais encore désert de tout client.
Un homme d’une quarantaine d’années l’avait accueillie fort poliment
Bonjour Madame
-Bonjour Monsieur. Voilà, excusez- moi au risque de vous paraître suspecte, je suis à la recherche de Rémy
-Rémy, pffff, à cette heure ci il doit être dans les nébuleuses, vu la journée que nous avons
-Oui cela je le sais, mais après où puis je le trouver ?
Effectivement, le restaurateur semblait un peu réticent aux questions de Justine..à en juger par son air dubitatif.
Et que lui voulez- vous à Rémy ?
-Je suis de passage, j’aimerais le voir un instant, avant de repartir....il y a si longtemps que l’on ne s’est pas vu
-Dans ce cas si vous êtes une amie...Il devrait passer ici en fin de journée. Il navigue entre sa passion et son agence, toujours à fond dans son roadster.
-Un roadster gris foncé c’est cela ?
-Oui, c’est lui, il bichonne sa voiture comme une vraie femme...
-Es-t-il marié aujourd’hui ?
-Pensez-vous, pas le temps, et puis ...
-Et puis....
-Avez-vous connu cette Justine, une femme de dix ans son ainée ? Il ne l’a jamais oubliée. Cette garce est partie sans même lui dire au revoir. Et depuis notre Rémy, des aventures certes, mais aucune femme n’a pu lui faire oublié sa garce.Il l’attend...vous pensez comme si elle allait revenir, une parisienne...quelle salope, plus une nouvelle, jamais...
-Mais n’a-t-il pas essayé de la retrouver ?
-Ben si, mais pas de numéro, même pas de nom...Un jour son mari est passé pour la vente de la maison, mais il ne savait pas ou elle était...divorcé qu’il a dit...Pensez le Rémy il s’est remis à espérer !!
-Vous avez parlé d’agence ... ?
-Agence immobilière à Tourettes sur Loup
-Ok, merci pour les renseignements, je vais essayer de le trouver
Elle lui avait serré la main chaleureusement, camouflant le rire intérieur qui la taraudait.
Il l’avait accompagnée sur le pas de la porte
Et si Rémy passe par là je lui dirais que vous le cherchez, qui au fait ?
-Vous lui direz que Justine le cherche....
Confus de sa bévue, le pauvre restaurateur avait soudain pris une teinte cramoisie, au bord de l’asphyxie
Justine s’était retournée souriante...et séduisante !
Ne vous excusez pas, vous ne pouviez pas savoir, et elle s’était enfuie.
Comme rattrapée par le passé, elle avait pris une chambre dans le même hôtel que dix ans plus tôt.
Face à l’immensité du paysage elle s’était remise à songer, mais le temps l’avait pressée. Elle s’était déshabillée à la hâte pour prendre une douche, mais lorsqu’elle avait croisé son reflet dans le miroir de la salle de bain, elle avait eu un temps d’arrêt devant l'image renvoyée.
Ses hanches plus rondes, ses seins plus lourds lui étaient soudain apparus comme un parjure.
Elle avait ces rondeurs féminines que l’on ne dévoile qu’a la maturité, ces formes gracieuses traduisant érotisme et générosité, qui incitent à la gourmandise et à la volupté.
L’image qu’il avait gardée d’elle était peut être erronée et les quelques rides naissantes qui avaient tracé leurs sillons au bord de son regard l’avaient soudain troublée et contrariée.
Sa féminité n’en était était que plus resplendissante, mais les femmes sont sujettes à leur nostalgique jeunesse.
Elle gardait en mémoire cette phrase que souvent son père lui répétait
"Ton regard en dit long sur ta féminité, et n’oublie jamais ma puce, seul le regard résiste au temps."
Sur les bonnes pensées de son père, elle s’était abandonnée à la douceur tiède de la douche, songeant avec lubricité à une mise en beauté en règle.
Son corps ruisselant sous l’eau, elle s’était laissée aller à des caresses sur ses seins ronds et déjà tendus de désir à venir et, sans pouvoir les contrôler, avaient laissées ses mains se perdre entre ses cuisses .Son désir était brûlant, presque intélorable.Elle avait interrompu dans l’instant ses égarements impudiques ...pour laisser courir l’eau sur la douceur de sa peau et oublier ses pulsions...
A suivre
Que de lucidité vis à vis de nos pensées, à nous les femmes. Oui, on aime rarement ce que le temps et l'âge font de nous...
Rédigé par : euqinorev | 10 juin 2007 à 21:03
J'ajouterai que je l'attends toujours, mon "prince", et que depuis le temps je sais qu'il n'existe pas...
Rédigé par : euqinorev | 10 juin 2007 à 21:05