Lorsqu’elle avait retrouvé sa chambre d’hôtel, elle s’était donnée aux plaisirs d’une douche réparatrice, alors que son seul désir était de préserver sur sa peau les fragrances de son amant envolé, ce mélange âcre de parfum et de plaisir, cette douce senteur qui peut à tout instant vous faire revivre des moments de volupté évaporés.
Elle avait effleuré sa peau pour retrouver les caresses que sur elle il avait oubliées. Chaque parcelle de son corps en était imprégnée comme des traces indélébiles. Etait-elle en train de tomber amoureuse d’un amant passager ?
Se glissant sous les draps, elle s’était endormie du sommeil, le plus juste, celui dont les rêves édulcorent vos pensées les plus intimes...
La sonnerie du téléphone avait retenti, l’extirpant d’une torpeur doucereuse.
Elle avait mis un temps infini à réagir au carillon du combiné, et lorsqu’elle avait décroché, elle n’avait eu droit qu’à ce bruit spécifique d’un abonné qui vous raccroche au nez.
Se saisissant de sa montre qu’elle avait déposée presque machinalement sur la table de chevet, elle avait eu un moment de panique quand elle avait pris conscience de l’heure tardive. Elle s’était levée promptement.
« Mon Dieu je devrais être à Gourdon depuis 3 heures déjà »
Sans même prendre le temps d’une toilette méticuleuse, elle avait enfilé un vieux jeans râpé, un débardeur blanc et s’était chaussée d’une paire de converse blanche.
A l’instant même de claquer la porte de la chambre, la sonnerie du téléphone avait à nouveau retenti.
Allo, c’est moi ma chérie
-Bonjour, j’allais juste partir, je suis contente de t’entendre
-Tu me manques ! Tu rentres quand ?
-Certainement demain, oui demain, je prendrai le premier vol
-Prends ton temps ma chérie, mais préviens moi que je puisse venir te chercher à l’aéroport
-Oui, c’est trop gentil, ton temps est précieux je ne voud.....
- Appelle-moi pour me donner ton heure d’arrivée, je t’embrasse
-Je t’embras...
Il avait raccroché avant même qu’elle ait eu achevé sa phrase...
Aujourd’hui, dix ans plus tard, elle n’était pas dupe, le coup de fil de son ex- mari n’était que pure information, pour s’adonner le plus longtemps possible à ses débauches adultères, mais la naïveté de sa jeunesse, l’avait empreinte de remords, aujourd’hui consommés, enterrés à tout jamais.
Elle s’était précipitée à sa voiture pour rejoindre au plus vite Gourdon et, confuse, présenter toutes ses excuses à Rémy qui devait déjà se trouvait sur les lieux.
Le camion de déménagement était là. Elle était rentrée dans la maison en hurlant son prénom
Rémy, Rémy es- tu la ?
Pas de réponse ! Elle avait gravi l’escalier à la hâte au risque de chuter à chaque instant et était rentrée dans la seule chambre encore meublée, essoufflée.
Re...
-Ah non, Mademoiselle Justine, Rémy n’est pas là aujourd’hui, il est parti à Aix, un rendez-vous de dernière minute. Sitôt rentré, sitôt parti avait-il rajouté en lui lançant un clin d’œil complice
-Mais....
-Il rentre demain en fin de journée
Justine s’était effondrée dans le seul fauteuil rescapé du déménagement
Allons, allons, ma pet’ ite Dame, ce n’est pas la fin du monde, un coureur de jupon mon garçon...
Elle avait eu du mal à retenir ses larmes, et s’était isolée dans une pièce voisine pour se laisser aller à un déversement ininterrompu de larmes de rage et de déception.
Tant bien que mal, elle s’était remise à la tache jusqu’à tard dans la soirée, oubliant même de se restaurer.
Voila ma pet’ ite Justine j’ai fini, l’affaire est bouclée, je peux rentrer au bercail.
Lorsque le vieux brocanteur était parti, elle s’était allongée, à même le sol, des larmes au bord des yeux et s’était perdue dans la recherche de caresses pouvant lui rappeler douceur et violence de la nuit passée.
Mais il n’y était parvenue, le désir n’était plus là, un sentiment de tromperie avait pris possession de son corps et de son esprit.
Ramassant ses affaires, elle avait rejoint le rez- de- chaussée, avait donné un dernier regard alanguie à la pièce vide du passé, avait fermé la porte de la maison à tout jamais, se promettant de ne jamais revenir sur les lieux de sa débauche.
Le lendemain, elle était partie, en essayant d’oublier Rémy et la leçon d’humiliation qu’il lui avait administrée en toute impunité.
Le passé l’avait rejointe aujourd’hui sur les sentiers de son destin. Voilà qu’à nouveau, elle piétinait sur les traces de l’histoire, son histoire et qu’en son sein elle s’avouait lui avoir pardonné, tout pardonné, lui, Rémy dont elle n’avait jamais plus entendu parler.
Ce garçon, elle l’avait aimé l’espace d’une nuit, l’espace d’un instant de vie, et bien involontairement, il l’avait ramenée à lui, ou plus exactement de façon virtuelle.
Enfoui en elle depuis si longtemps, il avait resurgi comme un diable de sa boite, il avait à nouveau pris corps dans son esprit ...il était en elle à tout jamais.
Ses larmes avaient coulé...
Elle avait pris la direction de la falaise...
A suivre...
Sacré Rémy; bien sympathique quand même; et puis Justine n'en a t-elle pas bien profité ? La preuve, ses souvenirs de jouissance sont demeurés intactes au fond de sa mémoire....
Hé, ne saute pas sans ton parapente, la falaise est haute...hiiiiiiiiiiii
Rédigé par : peter pan | 05 juin 2007 à 18:11