Il le sait, je vais sortir. Il entend mes pas aller et venir sur le plancher, couler mon bain et les notes de musique s’échapper de ma chambre.
J’aime l’abandonner. Mes silences sur mes escapades nocturnes lui en disent plus longs que n’importe quel aveu blessant. Mais il sait aussi à quel point, j’aime alors le retrouver à mon retour, combien j’aime me blottir dans ses bras.
J’aime le laisser divaguer, se laisser aller à l’apprentissage de ses plaisirs inavoués.
Je ne laisse rien au hasard lorsque je pars .Il est sensible à chaque indice que je laisse sur ma trace, codes secrets de nos échanges dans le silence.
Quelques bougies parfumées disséminées ici et là dans la grande salle voûtée, son scotch préféré à portée d’un verre à Whisky en cristal de Baccarat, un paquet de cigarette juste ouvert, une cigarette en évidence prête à être consumée proche du briquet, et sur la platine un de ses albums préférés.
Ces quelques signes si discrets soient-ils lui donnent la tendance de la soirée.
Il le sait, il l’a deviné, je ne rentrerai pas très tard...
Il aime les ambiances calfeutrées, de douces musiques pour rêver, lumières tamisées pour l’apaiser...il me déteste quand je sors, je le lis dans son regard, mais notre parfaite complicité temporise ses humeurs belliqueuses.
Je descends l’escalier, les marches craquent, l’essence de mon parfum imprime ses narines de volupté....Il ne dit, rien, il me regarde, allume sa première cigarette de la soirée ! Je devine son regard furieux dans la volute de fumée, une habitude bien particulière qu’il a de camoufler sa colère !
La porte claque, laissant alors dans mon sillage les fragrances de ma féminité embaumée...
Je cours vers mon destin nocturne en songeant déjà à mon retour soudain, à mon intrusion dans l’intimité de sa vie d’homme.
Pas loin de Une heure du matin, je tourne la clé dans la serrure, le plus doucement possible pour ne pas le réveiller ou le surprendre.
L’atmosphère de la maison est parfumée, un mélange de cigarettes et de chandelles consumées, une odeur douce et âcre à la fois.
Musique ambiance dans le salon....
Mon ombre file dans l’entrée, se déshabille dans l’escalier et quand j’arrive sur le palier ma silhouette de femme nue donne une caresse au chat qui traîne son âme perdue en peine dans la nuit.
Mes fringues empestent le tabac froid, jusqu’à mes cheveux en sont imprégnés....
Sous la chaleur de l’eau qui s’échappe de la douche, je me savonne en volupté, parcours avec minutie chaque parcelle de mon corps pour en extraire la moindre trace de mon escapade en solitaire....
Dans la serviette enveloppée, je retrouve ma féminité perdue dans les rues de la ville, sur le bitume et les bars enfumés.
De douces notes montent à l’étage, il ne m’a pas entendu rentrer.
Je me parfume, parfum suave, quelques gouttes d’opium au creux de mon épaule, juste une touche sur mes poignets .Je redescend les escaliers...envie de lui, de le surprendre, le déranger dans sa profonde solitude, peu évidente à juguler.
Me voici à nouveau dans l’entrée. Je me dissimule derrière la porte, la pousse légèrement pour l’entrebâiller. Dans la pénombre de la pièce je l’aperçois, sa silhouette allongée nonchalamment sur le canapé en cuir. Il a un verre de Bourbon, à la main, et à la bouche une cigarette qui s’évapore en fumée, volutes bleues évanescentes dans la faible clarté des bougies.
Ses yeux fixent le plafond, on pourrait croire qu’il s’ennuie. Il n’en est rien, je le connais si bien. Son esprit dérive, sa rêverie a pris corps en lui, la clairvoyance de ses pensées passe par ses fantasmes les plus secrets.
Le chat se frotte contre mes jambes, réclament des caresses, je les lui accorde, puis il s’échappe solitaire vers le salon entrebâillant un peu plus la porte.
Il détache son regard du plafond, regarde le félin s’approcher de lui, lui prête une caresse perdue et pose son verre sur la table basse.
Sa silhouette vacille au travers de la flamme des chandelles, mais je devine distinctement sa main qui glisse sur son ventre. Elle descend impunément, glisse sur la bosse qui prend forme sous la braguette de son pantalon. Une main pudique et discrète qui sollicite une dérive sexuelle en solitaire.
Sur la platine ANTHONY, donne une teinte mystérieuse à cette ambiance érotique par ses caresses engendrées. Je voudrais le rejoindre mais n’en fais rien....j’aime ces instants où il recherche le plaisir, où ses approches dans la nuit, de lui vers lui, deviennent alors si sensuelles.
Ses doigts dégrafent son pantalon, et comme un diable sorti de sa boite, son sexe bandé surgit de son pantalon. Il le regarde, on dirait même qu’il lui parle.
Mon regard se pervertit, cette vision procure des ondes que je contrôle difficilement.
Mon pouls s’accélère, mon impudeur à le mater repousse loin mes désirs de le rejoindre.
Caressant son membre dressé avec application, je le devine en proie à un plaisir qui l’envahit comme une flèche ascensionnelle.
Il lève la tête, on pourrait croire qu’il m’épie, qu’il me devine le regarder, que mon regard interdit sur son plaisir au singulier lui procure des sensations supplémentaires.
Désire-t-il que je ma caresse, que mon plaisir rejoigne le sien ?
Mes mains parcourent mes épaules, degagent mon corps de la serviette qui l’étreint. Ma peau réclame ses caresses, mais je ne le rejoins pas si ce n’est dans mes propres attouchements.
Me voilà nue derrière cette porte qui me sépare de sa jouissance, j’accompagne en secret sa main qui s’active avec frénésie sur son pieu en érection.
La lumière des bougies me renvoie l’ombre d’un obélisque dressée en hommage à son égérie, cette femme désirée qui est en train de jouir de la vision qu’elle a de lui.
Son corps gémit, son corps exulte, les muscles tendus, visage crispé, regard fondu, dans un cri rauque et prolongé, son sexe expulse son plaisir, déverse en jets puissants et courts, un geyser de foutre sur son ventre de spasmes affolé.
C’est le moment que je choisis pour faire une entrée théâtrale dans la grande salle ,nue, les cheveux en bataille.....Je m’approche de lui ,silhouette féminine et féline, me saisis d’une perle blanche épanchée sur son ventre , la porte à mes lèvres , la partage avec lui , puis me vautre sur lui pour qu’il puisse juger de l’hydrographie de mon entre cuisses par son plaisir surexcitée.
Comme à chaque fois que je sors en solitaire, je me blottis contre son épaule, et ,à nous en étouffer, nous nous embrassons, en songeant à notre prochain jeu diabolique.
Pas de règles ni de tabous, juste une exaltation de nos sens en émoi, toujours en quête de nouvelles émotions ...
Une fois de plus merci pour ces minutes de sensualité, de frissons et de beauté (tout rattrapé mon retard de lecture ! ;) )
Rédigé par : euqinorev | 15 juin 2007 à 10:29
Au comble de l'excitation ,son pieu se dresse à la recherche et dans l'attente d'un plaisir qu'avec délice il se plait à retarder.....
Mais non Peter tu n'es plus un enfant...Regarde L'envie dans ses yeux et tu auras la réponse...
Rédigé par : peter pan | 15 juin 2007 à 16:56
Autant envoûtée par les mots que par la musique qui l'accompagne divinement... Mais quelle est cette voix si magnifiquement servie par le piano et le violoncelle ? Mystérieuse, ne me laissez pas dans le noir, éclairez-moi ! Merci pour les frissons...
Rédigé par : Badine | 15 juin 2007 à 17:10