Arrêter de pleurer, s’arracher à la douleur qui brûle ses entrailles. Elle erre dans la pièce par l’obscurité envahie. Angoisses légitimes d’une femme en proie aux craintes de l’abandon.
Le cendrier regorge de mégots, la bouteille de vodka à pris une sacrée gifle...
De la fenêtre, elle guette la moindre lueur de phare, le moindre son dans la rue déserte...décroche son téléphone alors même qu’il n’a pas sonné. Bip ininterrompu, la ligne est toujours branchée !
La lune, sa complice de toujours l’a aussi abandonnée, elle s’est cachée derrière les lourds nuages qui barrent l’horizon. Seuls quelques coups de tonnerres lointains succèdent aux éclairs zébrant le plafond lourd au dessus de la ville endormie. Sous l’effet de l’alcool par trop absorbé, la déchirure angoissante de sa poitrine se fait plus sourde, plus diffuse jusqu’à l’abandonner. Elle se réfugie dans le sommeil pour oublier....
La sonnerie du téléphone retentit. Elle se réveille en sursaut, la nuit est toujours là, lourde envahissante....
Allo
Et puis ces mots, ces mots que l’on ne voudrait jamais entendre !
Il faut que je te parle
Et là tout son monde s’écroule...
Elle glisse contre le mur, se recroqueville sur elle-même, lâche le combiné qui continue à parler
Une voix, une voix familière qui n’arrête pas de crier
Allo, allo, réponds moi, écoute moi
Le rimmel de ses yeux embués coule en longues traces noires sur ce visage de femme torturée .Elle ne peut prononcer un seul mot, ses lèvres sont paralysées
Allo, allo
Elle reprend le combiné
Je suis là
- Je crois que toi et moi, nous en resterons la, je reste avec ma femme, tu devais le ressentir, non ?
-Tu ne peux pas m’abandonner, pas maintenant, je t’attendrais, prends ton temps
-Inutile,...mais restons amis
Encore des mots que l’on ne voudrait jamais entendre
Qui est- elle pour vouloir le garder, il est l’homme emprunté et elle, elle tout juste la dauphine au concours de Miss Amour, ou pire juste l’aventure d’une année dans la vie d’un homme marié.
Elle ne veut plus rien entendre, abandonne le combiné, sa douceur coutumière se teinte de révolte, de colère, des cris, des hurlements fusent de sa bouche.
Sa bouche qui lui murmurait des mots d’amour, lui susurrait des je t’aime en cascade lui crache à présent tout son venin.
Toutes les promesses évaporées, elle les entend au creux de son oreille.
Le rideau est tombé et dehors l’orage vient d’éclater, fort puissant.
Elle se laisse tomber sur le tapis, s’allonge les bras en croix le regard fixé au plafond .La lumière blafarde lui renvoie l’image d’un oiseau gigantesque, un oiseau qui va prendre son envol....
Des rires spasmodiques ont remplacé ses larmes, elle rit jusqu’à la douleur, elle rit de rage, elle rit de peine....
Son verre de vodka a chuté, se brisant sur le sol....saisir un morceau de verre, en finir avec la vie....la vie sans lui ne vaut plus rien....
Elle lève les yeux, regarde la pièce avec un étrange goût d’amertume dans la bouche, cette saveur à l’insipidité de son destin, un horizon barré sans lendemain.
Lendemain, ce mot raisonne comme une alarme dans sa tête embourbée ....
Demain, elle ira voler, se perdre dans les thermiques, flirter avec la falaise, faire la nique aux institutions.
Elle volera, accrochera son passé aux portes des nébuleuses, ses souvenirs au dessus des forets, se laissera aller au gré du vent.
Prendre son pied, se surpasser, risquer chaque seconde de décrocher et puis se ressaisir, se raccrocher à la vie quand cette poussée d’adrénaline lui criera qu’elle existe ....
Oui elle existe, elle se relève, regarde son reflet dans le miroir, se trouve belle.
Juste pour elle, le MP3 sur les oreilles, elle entreprend son effeuillage, dévoile à la femme qui la regarde, l’arrondi de ses épaules, la naissance de ses seins ....Ses doigts fébriles, mélange de crainte et de frissons, défont les boutons de nacre de son corsage.
Cette femme est belle et désirable se dit-elle, j’aime ses caresses.
Le voile du chemisier est tombé, lui dévoilant un petit ventre légèrement rond, la naissance de hanches aux courbes gracieuses. Son ventre brûle, ses seins frémissent sous le regard de cette femme qui la désire...
Ses mains s’égarent, frôlent chaque parcelle de son corps, en savoure le grain de sa peau de satin.....Et son sexe ....son sexe palpite sous ses dentelles, elle entend les battements de son corps dans l’intimité de sa féminité. Il la supplie il l’interpelle, elle se refuse ses caresses.
Mais cette femme dans le miroir, cette femme est audacieuse, et imperceptiblement fait glisser le satin de sa lingerie le long de ses cuisses effleurant chaque parcelle de ses jambes.
Elle sent son désir monter, la surprendre....Juste envie de plaisir, de couler, de sentir cette odeur si envoûtante d’une femme en proie au désir.
Juste un orgasme sans sentiment pour se prouver que ....elle peut vivre sans lui.
Impatiente de jouissance, elle se jette sur lui, lui le meilleur amant qu’elle n’ait jamais connu.
Si précis, efficace, prévenant, il lui donne tant de plaisir !
Ses caresses sont tellement audacieuses. Il s’attarde comme aucun autre sur son bouton, et se glisse entre ses lèvres. Elle réclame de l’émotion, il déplace avec légèreté, lui procure un plaisir à la limite de la torture, repousse les frontières du tolérable.
Son orgasme est aussi fulgurant que renouvelé, il fait durer son plaisir, le renouvelle ...
Ce soir elle le sait, elle n’est plus que désir, elle pourra jouir autant de fois qu’elle le souhaite.
Elle se concentre sur sa jouissance, sa langue sur ses lèvres humides, son doigt sur sa chair gonflée, elle le supplie, il s’attarde sur son clito adoré.....jusqu’à l’explosion
Oh oui encore, oui n’arrête pas ....
L’orgasme la saisit, intense et se propage dans tous son corps ensorcellé.Après un ultime soubresaut, sa cambrure retombe, apaisée, vidée dans le silence de la chambre à peine perturbé par le bruit des vibrations....Elle appuie sur Off.
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